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La famine une arme de guerre en 2017 ?
jeudi 11 mai 2017
Nous avons aujourd’hui le devoir d’alerter sur la famine qui sévit actuellement à quelques heures d’avion et à une onde de webcam au Yémen, au Soudan du Sud, en Somalie et au Nigéria où la famine s’installe à l’échelle du Pays, mais aussi ailleurs dans des villes ou villages de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan...
Ignorés des tabloïds de la campagne présidentielle, ces drames se déroulent dans une indifférence quasi générale malgré les alertes répétées d’ONG présentes sur place et des Nations Unies depuis plusieurs mois. Ce drame devrait atteindre son apogée à l’été si nous ne faisons rien ou trop peu.
Actuellement les famines ne sont plus liées le plus souvent à des phénomènes climatiques, car à l’échelle de la planète cette nourriture existe… et peut être acheminée pour répondre aux urgences vitales.
Mais c’est aujourd’hui le cynisme des hommes qui en est la cause première. Il s’agit soit d’effets collatéraux de guerres et de conflits régionaux avec des civils trop souvent isolés par des groupes armés qui les prennent en otage en les empêchant de s’approvisionner et de circuler pour se nourrir. Mais pire encore, c’est en représailles de leur « tendance » religieuse ou du fait de leur refus d’allégeance, comme en Syrie, que des familles sont affamées. Enfin, ce ne sont parfois que des victimes collatérales comme au Yémen, où l’Arabie Saoudite, amie de la France qui lui vend des armes, affame la population.
Dans certains pays, la situation est très contrastée, masquée aux observateurs internationaux. Là, des populations « sont punies » et affamées alors que dans le village voisin ou dans une autre ville d’autres sont symétriquement récompensées pour leur loyauté à un pouvoir, et même parfois par des distributions provenant de l’aide internationale. Ainsi à Damas aujourd’hui beaucoup d’habitants ignorent qu’à Alep ou dans des villages proches de cette ville, la population est affamée depuis 2014 et que des enfants et des femmes meurent de faim du fait aussi bien d’armées d’occupation que de bandes crapuleuses, comme en témoigne Samar Yazbek dans « Les portes du néant ».
Aussi maintenant, que fait-on ? Trop tard ? Trop peu de réformes de fond ou de messages d’alertes ont été diffusés pour mobiliser et endiguer cette vague de honte.
Ce qui s’annonce pourtant en ce printemps, c’est que vingt-huit pays d’Afrique ont besoin d’assistance alimentaire d’ici l’été… Et ce, au-delà des situations de famine avérée au Yémen, au Soudan du Sud, en Somalie et au Nigéria.
C’est pourquoi, à l’aube de ces Semaines du Consom’acteur, nous devons dénoncer et AGIR pour que l’aide au développement soit massivement réorientée vers les régions les plus vulnérables et soit en priorité affectée à l’agriculture et à la santé de base. Nous devons aussi soutenir, dans les pays appauvris et affamés, les voix qui s’élèvent contre la construction d’infrastructures pharaoniques comme ces autoroutes qui ne mènent qu’à des palais présidentiels ou servent des multinationales par un pillage des ressources locales au détriment de cultures vivrières nécessaires à la survie ou des populations locales…
Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas !