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Edito : Action citoyenne et respect du droit
lundi 28 octobre 2024
Aujourd’hui, partout dans le monde la médiatisation des guerres, la fureur, la haine de l’autre et le mépris de la vie envahissent l’espace public alors que sont passés sous silence le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’exploitation des femmes dans les usines de Chine de Turquie ou au Bengladesh, le travail et les violences subies par les enfants partout dans le monde … La recherche du « scoop » comme l’expression trop souvent légitimée de vengeance du fort sur le faible allant jusqu’à des massacres de masse, l’emportent sur le droit et la justice.
Sous des formes diverses, à propos de Gaza, du Liban, de l’ Ukraine, du Congo mais aussi en évoquant la « situation » en Iran, en Afghanistan… les médias nous servent tous les jours au JT la détresse de survivant.e.s face à des proches disparus aux maisons et hôpitaux même fracassés, nous rapportent la situation de femmes exploitées dans des usines ou livrées sans protection à la vengeance publique, font un décompte macabre du nombre de Migrants morts en mer près de « nos côtes »… Des journalistes, des équipes bénévoles médicales ou d’aide aux victimes témoignent aussi régulièrement de services d’urgence débordés, de familles errant sans but ou de la détresse de milliers d’enfants sans protection ni soins sur les chemins de l’exil. Et pourtant ces vérités d’inhumanité affichées qui devraient être autant d’injonctions restent le plus souvent sans effet.
Même si des avancées considérables ont été obtenues en matière de devoir de vigilance des entreprises, désormais entré dans la loi, est-ce que cela modifie leur pratique ? La réponse est oui, dès lors que l’action citoyenne s’organise autour de grandes associations comme ActionAid qui se font entendre par des campagnes conséquentes.
Pour ce qui concerne les Etats, jamais l’ONU comme les grandes juridictions internationales n’ont été aussi actives, et jamais elles n’ont eu à faire face à de tels dénis de leurs décisions. C’est toute la construction réalisée au lendemain de la seconde guerre mondiale qui est en train de s’écrouler. Nous ne l’admettons pas, et sa préservation est un enjeu essentiel de notre mobilisation citoyenne.
Quant aux étrangers et immigrés, emportés par des flux migratoires considérablement accrus par la crise climatique, l’insuffisance de développement et la multiplication des conflits, leurs droits sont de plus en plus mis à mal par des vents mauvais partout dans le monde : nous allons, plus que jamais, devoir y résister.
Ne désespérons pas du droit, mais constatons que sans l’action citoyenne il est particulièrement menacé. Notre vigilance et notre mobilisation sont plus que jamais nécessaires.
Myriam Heilbronn
Présidente de la Maison du monde