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« Panama papers » : Qui paye la facture des 80 milliards d’évasion fiscale annuelle ?

lundi 2 mai 2016

C’est à la suite de la plus grande fuite
d’informations bancaires et fiscales de
l’histoire, que 108 équipes de
journalistes d’investigation de 76 pays
dont en France, des journalistes du
Monde et de France 2, se sont
penchés sur les « Panama papers ».
Ils ont ainsi analysé plus de 11 millions de
documents pendant neuf mois concernant une
évasion fiscale planétaire qui s’élèverait à plus
de 80 milliards par an via des sociétés offshore.
Ces dernières offrent la possibilité, non
seulement d’échapper au fisc ou à la justice en
continuant à s’enrichir dans les paradis fiscaux
mais elles alimentent aussi la corruption au plus
haut niveau des Etats et facilitent le
financement du terrorisme et le blanchiment
d’argent.
Ces révélations concernent, entre autres, 12
chefs d’Etat ou de gouvernements dont 6 en
activité, 128 dirigeants politiques et hauts
fonctionnaires et 29 des 500 personnes les plus
riches de la planète.
Ce scandale qui n’épargne aucun continent a
déjà conduit à la démission du premier ministre
islandais, menacé David Cameron en Grande
Bretagne et met en France le focus sur environ
1 000 personnes dont nombre de personnalités :
Artistes, Sportifs, Politiques ainsi que sur une
banque nationalisée et un parti politique.
Encore plus graves, ces détournements
peuvent conduire à la ruine d’un pays en
plongeant sa population dans la misère. Ainsi,
par exemple, au Congo Brazzaville alors que
plus de la moitié de la population vit encore
sous le seuil de pauvreté, l’argent des 290000
barils de pétrole produits quotidiennement
s’évapore dans des sociétés offshore au profit
de membres de la famille au pouvoir et d’une
poignée de traders associés. En Chine populaire comme à Hong Kong où les
plus hauts dirigeants sont impliqués, ce sont
entre 1 000 et 4000 milliards de dollars qui
auraient quitté le pays via des sociétés offshore
dans les Caraïbes depuis 2000, alors que c’est
une cellule du parti communiste chinois qui est
censée contrôler ces sorties de capitaux
interdites par le régime. Et si les Etats-Unis sont
si peu épinglés dans ce dossier c’est que les
sociétés écrans y sont tout simplement légales,
sous condition que l’administration fiscale sache
qui les détient.
En France, notre ministre des finances annonce
qu’au total l’Etat pourrait ainsi récupérer près de
deux milliards d’euros, entre arriérés d’impôts et
lourdes pénalités visant les évadés fiscaux
directement concernés par les "Panama
Papers", et ceux qui « souhaitent rapatrier leurs
avoirs »...
Et à l’échelle planétaire, maintenant que nous
savons, nous ne nous contenterons pas des
promesses de transparence des ministres des
finances à la sortie du dernier G20 qui
n’engagent que ceux qui les écoutent, si nous
ne veillons pas.
Pourtant il y a urgence à agir car ne pouvons
plus accepter que des Etats créent des poches
de pauvreté, que les inégalités sociales
s’accroissent et que des enfants meurent
encore de faim en Afrique au seul profit de
quelques-uns. Alors, si nous voulons que les
plus jeunes retrouvent confiance dans les
Politiques, il est plus que temps d’agir sans
« voile » pour que ces trafics cessent. Et
chacun, là où il se trouve, peut prendre sa part
et être un lanceur d’alerte et faire en sorte que
plus personne ne soit à l’abri de ces
détournements.