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« Féminismes ! Maillons forts du changement social »
lundi 8 avril 2019
Le 13 mars 2019, la Maison du Monde d’Evry a organisé un Café de l’Actu (sous le format d’une conférence-débat) dans le cadre de la Journée des Droits des Femmes, en partenariat avec la mairie d’Evry-Courcouronnes.
En tant que membre du Réseau Ritimo, la MdM a invité Caroline Weill, chargée des partenariats éditoriaux du réseau, de présenter le numéro 17 de la collection Passerelle, intitulé « Féminismes ! Maillons forts du changement social », paru en juin 2017. Cela a été l’occasion de revenir sur différentes dimensions de la luttes des femmes partout dans le monde, entre leur position au sein des luttes plus larges de l’émancipation sociale, et leur combat pour l’autonomie des corps, l’égalité de sexes et la fin de la violence de genre.
Dans un premier temps, ont été évoquées les mobilisations sociales où les femmes ont été et sont en première ligne de feu. Femmes sahraouies en exil dans le mouvement de libération nationale, palestiniennes contre la colonisation, guérilléras kurdes résistant à daesh le fusil au poing, femmes africaines militant contre l’extractivisme destructeur de l’environnement et des sociétés traditionnelles, écologistes formant des camps non-mixtes contre l’arsenal militaire nucléaire… Les femmes, leur organisation et leurs féminismes ont toujours été le fer de lance de grands mouvements sociaux. Lorsque se politisent les tâches de reproduction de la vie qu’elles ont à charge, parce que la survie et la résistance de tout un peuple opprimé en dépend, le féminisme devient un levier irrésistible de la transformation sociale.
Puis, nous nous sommes intéressé·es aux combats qu’il reste à mener pour éradiquer les inégalités, discriminations et violences qui pèsent sur les femmes, parce que femmes. La lutte des femmes ne datent pas d’hier ; certains progrès ont été arrachés. Loi sur la parité au Sénégal, accès à la contraception et à l’avortement légalisé en France, engagement prononcé des Tunisiennes dans les transformations politiques récentes ; il fait meilleur vivre femme aujourd’hui qu’il y a cent ans. Cependant, le virage austéritaire (politiques d’austérité et tournant autoritaire) mondial ne cesse de remettre en cause ces avancées : féminisation de la responsabilité et de l’obligation à mesure que l’État se désengage de son rôle de protection sociale ; mouvements d’extrême droite qui reviennent, comme en Pologne, sur les acquis en matière de droits sexuels et reproductifs ; groupes d’hommes anti-féministes qui s’organisent de façon extrêmement offensive ; fondamentalismes religieux qui ciblent les droits des femmes et des minorités sexuelles… Les violences contre les femmes n’ont en rien diminué : les deux premiers mois de l’année 2019 a vu bondir le taux de féminicides en France, avec une femme assassinée tous les deux jours par son (ex)compagnon. Les inégalités salariales et professionnelles stagnent, tout comme la représentativité politique.
La présentation s’est articulée avec les interventions des participantes (puisqu’un seul homme était présent). Nous étions en comité réduit (une douzaine de personnes dans la salle), ce qui a permis une plus grande interaction entre la présentation des différentes analyses et initiatives relatées dans la publication, et le récit de l’expérience des militantes pour le droit des femmes dans ce territoire de la banlieue sud de Paris. Revenant sur leur accompagnement de femmes victimes de violences, ou encore sur leur lutte pour l’accès à la contraception et à l’avortement, nous nous sommes posés la question de l’articulation de ces luttes aux combats sociaux plus larges, et en quoi cela nous concerne, en tant que féministes. Les liens tissés entre les différentes luttes décrites dans ce numéro de la collection Passerelle a permis de faire émerger l’idée qu’un féminisme englobant les différentes perspectives, les différentes luttes, pourrait se révéler être un véritable levier pour renforcer et « potentialiser » les autres luttes. Un féminisme qui soit à la fois antisexiste, antiraciste, anticapitaliste et décolonial, qui puisse baliser le chemin pour une transformation profonde de nos sociétés, vers plus de justice et d’équité.
Cette rencontre aura été fructueuse en bien des aspects, entre découverte de nouvelles réalités, renforcement de notre engagement dans la lutte incessante pour nos droits et notre autonomie, et partage d’expérience et d’enthousiaste. Nous vous encourageons vivement à venir pour les prochains café de l’actu, coordonné par la Maison du Monde d’Evry et ses associations membres.