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Droits humains et migrations Cessons de nous émouvoir au coup par coup et agissons pour un accueil digne et respectueux

jeudi 5 juillet 2018, par Myriam Heilbronn

La France n’est pas submergée par les migrants mais par ses peurs et son incapacité à agir et traiter dignement les demandeurs d’asile qui se présentent à nos frontières et sont trop souvent repoussés de façon inhumaine par quelques représentants dits de l’ordre rattrapés par de vieux démons xénophobes ou agissant en simples exécutants.
Depuis deux ans maintenant, inlassablement, la Maison du Monde dénonce ce qui se répète et s’amplifie au fil des mois en Méditerranée et à nos frontières, principalement au sud des Alpes, de Vintimille aux vallées de la Roya et de la Clarée.
Elle agit au quotidien avec ses associations résidentes qui portent des projets pour faire évoluer sur le terrain des situations inhumaines ou sans perspective d’avenir. Celles-ci poussent au départ vers l’Europe des cortèges de désespérés de plus en plus nombreux, en proie aux passeurs et aux bandits.
Avec des associations de soutien au Mali, au Burkina ou dans un camp de réfugiés de Gaza notamment, elle est aux premières loges pour relever que, sans poids politique, les projets d’aide aux populations portés par les ONG, même bien construits et partagés sur le terrain, sont un leurre ou une goutte d’eau face aux fléaux auxquels les populations même aidées sont confrontées : guerre, dictature, enfermement, risque d’assassinats, de bombardements, de pénurie d’eau ou de famine, de privation de liberté…
De telles situations de crise doivent pousser les Etats européens à prendre leurs responsabilités pour garantir dans ces pays le respect des droits humains, les moyens d’un développement durable, l’accès à l’éducation, à la santé et à la formation, la liberté d’aller et venir… Autant de droits que nous revendiquons ici pour chacun d’entre nous.
Aussi, nous réfutons avec force les accusations qui font de nous, militants associatifs défenseurs des droits humains, les complices de passeurs. Car ce n’est que notre devoir d’apporter aide et protection aux migrants, d’autant qu’actuellement, pour les refoulés aux frontières de l’Europe, les conditions du retour et les protections qui devraient y être associées sont très loin d’être réalisées dans la plupart des pays d’origine. 
Inlassablement nous affirmerons notre solidarité active aux migrants qui frappent aux portes de l’Europe. Et un peu de mémoire : Nous aussi dans notre agglomération d’Evry, si nous ne sommes pas tous d’origine étrangère nous-mêmes ou par nos parents, nous venons très souvent d’un village de campagnes désertées, d’une ville sinistrée ou de Paris, chassés par la spéculation immobilière ou échoués à Evry, sans l’avoir choisi, pour un emploi … Et ainsi, nous sommes tous quelque part « des enfants d’immigrés de la première, deuxième et troisième génération » … Citoyens d’un monde en partage.