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LA SOLIDARITÉ EST-ELLE UN « MÉTIER » DANGEREUX ?
HOMMAGE À HENRI CURIEL

samedi 21 avril 2018

À l’occasion du 40ème anniversaire de son assassinat à Paris, et de la réouverture de l’enquête ce 9 janvier 2018, le Collectif Méditerranée et Orient XXI ont souhaité lui rendre hommage et nous vous proposons de découvrir l’homme, son parcours et ses différentes actions, au travers :

 D’une soirée discussion (nous y reviendrons) le Mercredi 2 Mai à 18 heures à la Maison du Monde d’Evry,

 D’un Colloque avec une 1ère partie le Vendredi 4 Mai de 10h à 13h au « Monde Diplomatique », autour du thème « L’exigence de vérité sur l’assassinat d’Henri Curiel ».

 D’une 2ème partie le Samedi 5 Mai de 14 h à 18 h, à la Maison des Syndicats d’Evry avec de nombreux témoins qui furent également acteurs aux côtés d’Henri Curiel.

NOUS VOUS ATTENDONS NOMBREUX POUR CES ÉVÈNEMENTS EXCEPTIONNELS !

Chers amis,
Il est des gens qui sont tellement imprégnés de leur idéal, qu’en retour ils finissent par l’incarner. Il y a quelque chose à voir avec cela chez Henri Curiel et la Solidarité internationale, celle qui transcende les frontières, fait fi des relations entre Etats, et ne voit que les intérêts des populations opprimées. Ainsi, « ce juif apatride, … allait devenir l’un des grands citoyens du tiers-monde » 1.
D’une certaine façon, c’est parce qu’il était en parfaite symbiose avec son action clandestine qu’il est encore en grande partie méconnu aujourd’hui, à part de petits cercles militants des années 70, et hormis bien sûr ces « quelques dizaines de militants, pour la plupart français, venus de tous les milieux et de toutes les sensibilités (pasteurs protestants, syndicalistes, prêtres catholiques, membres du Parti communiste agissant à titre individuel, etc.) » 2, qui composeront Solidarité et qui se mettront « avec modestie au service d’autres militants venus du monde entier. Il ne s’agit point de jouer les guides politiques, mais plus simplement d’enseigner les techniques salvatrices. Repérage et rupture d’une filature ; impression de tracts et de brochures grâce à un matériel léger … ; fabrication de faux papiers ; chiffrement et écriture invisible ; soins médicaux et premiers secours ; éventuellement ; cartographie et topographie... » 3.
Si le premier engagement de Curiel hors d’Egypte fut avec Francis Jeanson dans l’organisation des réseaux de soutien au FLN algérien, après les accords d’Evian il continuera de mettre ses capacités d’organisateur hors pair à disposition des luttes de peuples colonisés (Afrique du Sud, Cameroun, …), mais aussi aux réseaux contre les dictatures d’Espagne, du Portugal, de Grèce, du Chili… puis enfin il s’engagera sur la mise en place de « contacts clandestins entre « colombes » israéliennes et palestiniennes. Inaccessible au découragement, il renouait sans cesse les fils rompus. C’est ainsi que se rencontreront à Paris Matti Peled, général de réserve israélien, et Issam Sartaoui, un proche de Yasser Arafat. » 4.
« Cette initiative sans précédent ne pouvait être conçue et réalisée que par Henri Curiel, somme de ses échecs et de ses réussites, parcours difficile, ponctué de sévères déconvenues, mais qui lui avait permis d’inventer la solidarité internationale la mieux adaptée à ces années 60 et 70 qui virent tant de nations du tiers-monde s’engager sur le chemin de la souveraineté. Ni idéologue ni théoricien, il était un exceptionnel analyste des situations. Européen de culture, citoyen du tiers-monde par la naissance et l’expérience, il est sans doute, de tous ceux qui se sont voulus internationalistes dans la seconde moitié du siècle, celui qui a inventé, non pas les conduites les plus spectaculaires, mais les interventions les plus efficaces en raison même de leur intelligente modestie.
Les temps ont changé. La mondialisation économique s’accomplit au même rythme que s’exténue la solidarité politique entre les peuples. Il serait vain de chercher chez Henri Curiel des recettes adaptées au troisième millénaire. Mais cet homme qui vécut pour ses idées, et en mourut, laisse en héritage l’ardente exigence d’inventer un nouvel internationalisme » 5.


Nota (*) : toutes les notes sont issues d’un article de Gilles Perrault dans le Monde Diplomatique d’avril 1998.

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