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« Islam pour mémoire, un voyage avec Abdelwahab Meddeb »

samedi 9 décembre 2017, par Michèle Young

La Section de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) d’Evry Ville nouvelle est partenaire de la Maison du Monde depuis son ouverture, il y a 30 ans en 1987. C’est dans ce cadre que notre section participe au mois des Trois mondes évènement important dans la ville où de nombreuses associations présentent différentes actions et manifestations autour d’un thème commun qui pour cette année a été « s’engager par l’Art et la Culture » vaste et beau programme.

Ainsi nous avons projeté un long métrage documentaire de Bénédicte Pagnot, intitulé « Islam pour mémoire, un voyage avec Abdelwahab Meddeb », les 23 et 24 novembre à la bibliothèque de l’Université d’Evry et à la Maison des syndicats d’Evry.

Bénédicte Pagnot a été fascinée, envoutée par les conférences et les écrits d’un intellectuel franco-tunisien et poète Abdelwahab Meddeb, décédé pendant le tournage en 2014. Professeur de littérature comparée à l’université de Nanterre, de Genève et de Yale, ses cours s’intitulaient « Du fanatisme et de la tolérance », « Entre Orient et Occident », « Goethe lecteur de Hafez », « Figures de l’amour divan ». Il a écrit de nombreux romans et essais. Il faisait aussi référence au Mahomet de Voltaire, à Ibn-Arabi, à Dante et au conte des Mille et une nuits etc.
Abdelwahab Meddeb a animé pendant une dizaine d’années l’émission « Cultures d’islam » sur France Culture. Il différenciait la religion musulmane de la civilisation Islamique et il disait « il faut redonner à l’Islam sa complexité (…) et l’approcher comme civilisation et religion, avant de prendre en considération sa vocation politique et guerrière. »

Bénédicte Pagnot a pris ainsi contact avec lui et il l’a accompagnée dans la connaissance et dans ses interrogations concernant sa rencontre avec l’Islam. C’est avec lui qu’elle a décidé de faire un documentaire sur sa pensée et sur son rapport au monde. Elle l’a accompagné dans des voyages comme en Israël-Palestine. Elle a aussi voyagé seule, du Maroc à l’Iran, pour confronter ses idées, ses représentations de l’Islam avec la parole des habitants. Elle n’a eu aucun problème à se promener seule avec sa petite caméra, à entrer en contact avec les habitants et à gagner partout la confiance des gens dans la générosité, l’ouverture et la curiosité.
Un étudiant iranien et une jeune femme palestinienne expriment leur rejet du système politique et religieux de l’Arabie Saoudite, pays très fermé et intégriste. Le jeune iranien exprime un espoir d’ouverture et de modernité pour son pays et dit en ressentir les prémisses. Par ce film nous rencontrons des tunisiens qui fêtent le printemps arabe. Des habitants de Sidi Bouzid qui nous expliquent comment ils ont résisté à des mouvements intégristes. Nous assistons aussi à la liesse populaire de la victoire de leur club de foot sur celui de Sousse, seule bonne nouvelle depuis la destitution de Ben Ali, d’une petite ville ravagée par le chômage. Une habitante nous dit aimer son pays, la Tunisie et aimer tout le monde croyant ou pas.

Enfin Bénédicte Pagnot nous invite à un voyage passionnant en terre d’islam avec de belles rencontres, entrecroisées de paroles, d’entretiens avec Abdelwahab Medded, ainsi que des textes, des poèmes et des musiques anciennes et modernes du monde musulman. Cette approche devrait changer notre regard envers l’Islam vers plus de curiosité, d’altérité et d’interrogations. C’est aussi une façon de lutter contre les intégrismes que de reconnaitre sa complexité et l’universalité de l’Islam.

Michèle Young