Accueil > Cencenkisè : le pont de la solidarité avec le Mali
Cencenkisè : le pont de la solidarité avec le Mali
mardi 4 décembre 2018, par
Le mardi 20 novembre 2018, dans le cadre du Mois des Trois Mondes, Gérard Gentilhomme, Président de l’association cencenkisè [1](grain de sable en bambara) a présenté à la Maison du Monde d’Evry la réalisation d’un puits équipé d’une pompe à énergie solaire avec château d’eau, au village de Bota dans le Nord du Mali, occupé actuellement par les djihadistes.
Historique et contexte
L’association cencenkisè créée en 2011 après 5 ans d’engagement dans la Région de Mopti, a pour mission d’accompagner les initiatives des habitants en matière de création d’activités économiques et d’amélioration des conditions de vie, d’apporter un concours au secteur de l’Éducation, de favoriser les échanges et les liens avec ce pays d’Afrique.
Les projets de cencenkisè sont réalisés avec le soutien financier du Département de l’Essonne qui a proposé à cencenkisè de rejoindre en 2018 le réseau Essonne Diéma Douentza Nioro du Sahel EDDN dont une délégation malienne était présente en Essonne du 29 septembre au 7 octobre 2018.
Les différentes réunions et commissions ont permis la mise en cohérence d’actions au Mali qui seront lancées de 2019 à 2021 malgré les contraintes sécuritaires du pays.
Cencenkisè intervient notamment dans le Cercle de Douentza de la Région de Mopti. Douentza est à l’intersection des routes pour se rendre au Nord à Tombouctou et à l’Est vers Gao ; le Cercle de Douentza est peuplé essentiellement de peuhls, de dogons et de Sonrhaïs avec une population estimée en 2018 à 400 000 habitants. Il comprend 15 communes sur une superficie de 23480 km² (soit 13 fois celle de l’Essonne de 1804 km2).
Touché en 2012 par la rébellion touareg du MNLA, le Cercle de Douentza est occupé maintenant par les djihadistes. Il est classé en "zone rouge" et, malgré les accords de paix signés en 2014 à Alger et régulièrement renouvelés, l’insécurité y règne : des civils sont tués presque toutes les semaines, les écoles et les bâtiments communaux sont détruits.
Le dernier rapport trimestriel de l’ONU de septembre 2018 sur la situation au Mali fait état de 58 attaques terroristes faisant 287 morts civils, plus de 5000 personnes déplacées et 735 écoles fermées.
Par ailleurs, une inquiétude se répand sur le climat social entre différentes ethnies (touaregs, peuhls et dogons) : 15 civils ont été tués dans la région de Douentza le 15 octobre et 17 hameaux peuhls brûlés par les dogons.
Le Président Ibrahim Boubakar Keïta qui vient d’être réélu pour un deuxième mandat vient de reporter en 2019 les élections législatives prévues en novembre et décembre 2018.
Par ailleurs, un conflit entre le gouvernement et les magistrats en grève depuis trois mois pour des problèmes sécuritaires et salariaux bloque tout le système judiciaire.
La population, déjà très pauvre, se trouve dans ce vivre ensemble déprimée par cet état de guerre et d’insécurité.
Malgré ce contexte difficile, cencenkisè essaie de prêter son concours aux personnes vulnérables au sein des villages avec l’aide du Département de l’Essonne et grâce à Hamadoun Ongoïba, Président de l’association AHSEBD (Association Humanitaire de Soutien d’Entraide et de Bénévolat de Douentza) et à son équipe, qui agissent en toute discrétion.
Actions de cencenkisè, au village de Bota
Cencenkisè a apporté un microcrédit à 30, puis à 20 femmes du village de Bota, dans le Cercle de Douentza en 2014 et en 2016, ce qui a permis de créer des activités en élevage, petit commerce, poterie, confection de nattes, culture potagère, dont les produits sont utilisés sur place ou vendus au marché de Douentza. Le microcrédit a été remboursé dans le délai imparti d’un an et 80 % de ces activités sont pérennes ; elles ont permis d’octroyer un microcrédit à d’autres personnes et d’en créer de nouvelles.
Un autre besoin exprimé par le village était la construction d’un puits au bénéfice de ses 800 habitants et des peuhls pasteurs nomades. Il a été suivi du souhait de le doter d’une pompe électrique immergée.
Après l’étude du projet par cencenkisè et AHSEBD qui a reçu l’accord du chef de village et des élus maliens, avec le soutien financier du Département de l’Essonne, un puits de grand diamètre (1,8 m) et de grande profondeur (17,5 m) a été réalisé à 400 m du village . L’eau de bon goût et de bonne qualité est très appréciée.
Pour faciliter l’approvisionnement en eau du village (qui incombe aux femmes et aux enfants), une pompe immergée avec panneaux solaires et un château d’eau ont été implantés (avec le soutien financier également de TOTAL Mali) et des canalisations ont été enterrées par les villageois pour l’acheminer jusqu’au village.
L’installation a été terminée en janvier 2018 et deux techniciens du village ont été formés pour l’entretien de l’installation.
Le principe de paiement d’une redevance de l’eau a été écartée par les villageois suite à des menaces de destruction par des fauteurs de troubles ; dans l’attente d’un climat plus apaisé, les villageois se sont engagés à financer tout entretien ou toute réparation de l’installation qui serait nécessaire.
[1] Gérard Gentilhomme est le Président de cencenkisè