Fête de la banane et commerce équitable

Chaque année en septembre se tient, sur le parvis de la Mairie du 14ème arrondissement de Paris, la Fête de la banane, à l’initiative d’une association de proximité du 14ème « La cantine bouge » et d’Artisans du Monde Paris. Elle a accueilli cette année Mmes Sidonie Parisot, adjointe au Maire du 14ème, en charge de l’alimentation durable et Audrey Pulvar, adjointe à la Maire de Paris, chargée de l’alimentation durable et des circuits courts.

Cette manifestation permet à des associations de diasporas d’Amérique du Sud, de la Caraïbe, d’Afrique du Nord, d’Afrique subsaharienne et d’Afrique de l’est de se retrouver autour de stands de dégustation, préparations culinaires, vente et expositions de produits issus de la banane et de mettre en avant un patrimoine culturel peu connu ici, grâce à des spectacles de musique, poésies et danses. Au sein de la manifestation, Jean-Paul Vanhoove, militant très actif d’Artisans du Monde Paris, organise une rencontre-débat sur une thématique différente chaque année et centrée sur les problématiques du développement durable.

Cette année, la thématique de la rencontre-débat était double, avec deux gros titres, d’une part « Commerce équitable et agriculture urbaine et péri-urbaine » et d’autre part « Le chlordécone aux Antilles comme exemple de ce que peut donner l’absence de conscience dans l’interdépendance des relations entre producteur et consommateur ».

La première thématique a été développée par le directeur de CFPPA de Brie Comte Robert qui a expliqué les différentes techniques d’agriculture péri-urbaine. Puis un journaliste de la revue indépendante, Le Temps des Ruptures https://letempsdesruptures.fr a exposé comment l’agriculture péri-urbaine qui participe à la transition écologique peut faire partie d’une politique publique d’aménagement du territoire. Enfin une représentante d’Artisans du Monde a parlé de L’action du mouvement “Artisans du monde” en faveur des partenaires agriculteurs du Sud pour le développement durable.

La problématique du chlordécone, présentée par moi-même, a permis de rendre compte des ravages que peut provoquer une agriculture de masse non raisonnée, basée sur le profit au mépris de la santé et provoquant la destruction des terres et d’une économie locale.
Rappelons que le chlordécone est un pesticide puissant utilisé pour accroître les rendements de cette monoculture intensive de la banane, héritage colonial dans lequel toute production était destinée à l’exportation, au détriment d’une petite agriculture locale qui produisait du café, du cacao, des pommes de terre… Il a été utilisé en épandage de 1972 à 1993, bénéficiant du système de dérogation, lui aussi hérité de l’époque coloniale, ayant été interdit en France métropolitaine dès 1990.

Les conséquences sont multiples : sanitaire avec l’explosion du taux de cancers de la prostate, des retards de développement cognitif chez certains enfants, écologique car près d’un tiers des terres et du littoral est contaminé et enfin socio-économique avec les contraintes qui pèsent sur les maraîchers, les propriétaires de petits jardins familiaux, les petits pêcheurs.

Ce scandale n’est pas suffisamment connu en France métropolitaine. Divers collectifs ont été créés pour informer et sensibiliser la population ici. L’un d’entre eux « La Marche Solidaire de Lilith, Chacha et Cie », dont une représentante est intervenue à cette rencontre-débat, a sillonné dernièrement la France et a mis en ligne une cagnotte solidaire afin d’aider les ouvriers agricoles empoisonnés par le chlordécone. https://www.helloasso.com/associations/collectif-des-ouvrier-e-s-agricoles-et-de-leurs-ayant-droits-empoisonne-e-s-par-les-pesticides/collectes/900-km-en-soutien-aux-ouvrier-e-s-agricoles-empoisonne-e-s-par-les-pesticides